Deux voix, une vision : la complicité qui unit Olivier Urrutia, Délégué général de la Fédération du Commerce Coopératif et Associé et Eric Holzinger, Directeur général de SOCOREC, renforce les liens de leurs deux organisations créées voilà 60 ans par les commerçants indépendants du commerce coopératif et associé. Une synergie optimum pour relever les défis et pérenniser un modèle de gouvernance performant.
Vos parcours professionnels sont différents, Olivier Urrutia dans le conseil et le lobbying, Eric Holzinger depuis 25 ans dans le commerce coopératif et associé. Comment jouez-vous la complémentarité de vos expériences ?
Eric Holzinger : Très tôt, le commerce associé a guidé mes pas et cela me donne une connaissance assez large des différents groupements et modes d’organisation ainsi que leurs besoins en matière de développement, quel que soit le secteur d’activité. Olivier apporte une vision grand angle sur le commerce coopératif et associé en élargissant les missions, la visibilité et la notoriété de la FCA.
Olivier Urrutia : Eric m’est toujours d’une aide importante par sa connaissance historique du modèle et des enseignes, de leurs enjeux et de leur trajectoire. Il connaît aussi la FCA, dont il a été administrateur. Nos structures sont traversées par le fait politique, culturel, économique et sociétal : avoir des discussions ensemble sur tous ces points est très fécond. Et c’est aussi cela notre force : redonner à la relation historique entre SOCOREC et la FCA ses lettres de noblesse.
Quelles sont les principales qualités que vous appréciez particulièrement chez l’autre ?
OU : Son humour ! Et il a aussi l’élégance d’apprécier le mien. Au-delà, sa réactivité, son agilité d’esprit, tout comme sa rigueur et sa loyauté sont des qualités essentielles pour bâtir une relation de confiance. Il a aussi une qualité que je n’aurais pas devinée chez lui, c’est son esprit aventureux. Il aime bien la plongée, le parachutisme, la moto et, dans le travail, cela se ressent. Il a la capacité à prendre des risques pour aller de l’avant.
EH : J’aime l’ouverture d’esprit d’Olivier et la simplicité de pouvoir échanger sur tous les sujets, sans tabou. Il a aussi son côté intellectuel : j’apprends beaucoup sur des concepts, des personnalités et cela me nourrit. Olivier est aussi surprenant : à l’issue d’un séminaire à Copenhague, il m’a proposé d’aller voir l’ambassadeur de France qu’il connaissait et nous y sommes allés ! Il sait créer la surprise et être présent là où on ne l’attend pas.
De plus en plus d’entreprises de service adhèrent à la FCA. Epiphénomène ou tendance de fond ?
OU : Ce n’est pas un épiphénomène et, même si leur poids dans l’écosystème reste encore modeste, ils contribuent à l’enrichir. Les huissiers, notaires, architectes et services à la personne montrent que le modèle du commerce coopératif et associé peut s’étendre avec succès à l’activité de service. Il faut voir ce modèle organisationnel comme un outil au service d’un projet entrepreneurial qui allie performance économique et valeurs humaines. Plus et mieux on le fera connaître, plus on suscitera de vocations.
EH : Dans les services comme dans le commerce, la famille coopérative s’agrandit. Dans les 4 dernières années, ce sont plus de 10 nouveaux groupements qui auront rejoint SOCOREC.
Comment projetez-vous la FCA et SOCOREC dans l’avenir ?
OU : Nous assistons à une remise en question d’un modèle capitaliste financiarisé qui pointe de plus en plus ses limites. Les crises qui traversent notre société exigent des réponses que notre modèle semble, au moins pour certaines d’entre elles, en capacité d’apporter : intelligence collective, localisme, solidarité, inclusion notamment. Pour autant, de grands défis structurants pour le modèle sont à relever comme la transition écologique et la digitalisation qui vont demander des investissements importants pour répondre aux normes. La transmission des points de vente est aussi une question de survie des groupements. Sur tous ces sujets, la FCA continuera d’accompagner au plus près ses adhérents et de défendre avec force leurs intérêts auprès des pouvoirs publics.
EH : Certains associés, grâce au travail de création de valeur de leur groupement, ont aujourd’hui des entreprises dont la transmission à un entrepreneur individuel est devenue parfois difficile. Il va donc falloir être innovant dans le financement du commerce associé à un moment où les transmissions vont s’ajouter aux besoins liés aux transitions (digitales, énergétiques, sociétales). Par ailleurs, des groupements ont racheté récemment des réseaux succursalistes qui représentent aujourd’hui des opportunités pour ceux qui sont le plus structurés et qui ont les moyens d’investir avec leurs associés. Tous ces besoins nécessiteront de nouveaux outils sur lesquels nous travaillons déjà pour assurer la pérennité du modèle coopératif.